mardi 25 juin 2013


Roy Hendrickson Cie
C
A. 16 500 000 euros
Huit communautés à travers le monde


Vente d'outils et programmes

Envois postaux des oeuvres des membres des communautés Roy Hendrickson CIE
Envoi postal des oeuvres littéraires et philosophiques de Roy Hendrickson
Mise en relation et correspondance suivie entre les membres des huit communautés

Voyage, hébergement et restauration dans les communautés



Paris
Rome
Berlin
Londres
New York
San Diego
Tokyo
Bali


Le 12 décembre 1978, le jour de son quarante-huitième anniversaire, Roy Hendrickson, avec l’aide d’un anesthésiste, s’enfonçait dans la narine gauche, après un discours retransmis sur les ondes de Californie, un crochet en bronze, celui-là même qui était utilisé par les embaumeurs égyptiens, afin d’ôter le cerveau au pharaon défunt. Hendrickson offrait à la science ses œuvres ainsi que son cerveau déposé dans un vase canope. Les mois suivants, des dizaines d’hommes et de femmes se tuèrent selon le même procédé. C’est ce crochet, ainsi que la méthode, que nous vous remettrons, si vous décidez de nous rejoindre. 

En quelques mots, nous pouvons dire que, en imaginant les affres de l’agonie à laquelle nous nous destinons, notre créativité s’accroît prodigieusement et qu'elle prend, de jour en jour, plus de valeur. La perspective d’une telle agonie est effroyable : il s’agit de faire s’effondrer, à l’aide du crochet et le plus sereinement du monde, la lame criblée de l’ethmoïde (l’os séparant les fosses nasales de l’étage antérieur du crâne), comme si nous étions l’embaumeur accomplissant sa tâche. Un homme décidé, qui appartient au mouvement et aux nerfs d’acier, sera auprès de vous et vous portera le coup final, si l’opération manque ou que la douleur devient insupportable malgré l’anesthésie. Il est évident que nous préférons ne rien laisser au hasard, ce à quoi nous aspirons est chaque jour étudié, par l’un ou l’autre d’entre nous, dans ses moindres gestes. L’opération nécessite une minutie de détails que nous révisons à chaque instant, une maniaque obstination quotidiennement appliquée à nous préparer au grand saut.




Vous devrez d’abord apprendre à rendre vos gestes naturels. Chez vous, le crochet en bronze ne devra pas plus vous marquer qu’un bibelot posé sur une commode, puisqu’il faudra savoir vous maîtriser, le jour où vous déciderez de vous l’enfoncer dans le nez. C’est par l’impassibilité que vous pourrez vaincre cette fascination, que l’homme cherche à cacher et qui fait pourtant le sel de l’existence -- ce sel, que vous demandez à table pour assaisonner vos aliments ne devra pas plus vous émouvoir.  Votre tempérament se forgera grâce à lui ; il sera à la mesure de votre indifférence à l’horreur qu’il exerce. Vous verrez alors l’angoisse de l’agonie d’un autre œil, de cet œil que vous désirez passionnément : la vision d’esthète. L’angoisse des derniers jours deviendra l’impression artistique à rendre d’une main qui ne tremble plus. Pour vous exercer, nous vous offrirons quelques tiges grâce auxquelles vous devrez acquérir le réflexe de vous gratter le nez par délassement. Ces tiges et le crochet devront, en fin de compte, vous faire l’effet d’un innocent dérivatif, comme le tic de se gratter le nez de l’écolier ou de l’employé de bureau à la recherche d’une idée.

Bien évidemment, nous savons, vous et nous, ce que ces remarques ont d’affligeant et que la vie, somme toute, vaut la peine d’être vécue. Cependant, pouvez-vous considérer toute la distance que nous avons parcourue depuis notre découverte de la méthode Hendrickson jusqu’à l’ataraxie, simplement tenue dans nos doigts par une habitude des plus banales ? Êtes-vous aujourd’hui capable de ressentir l’écart atroce entre l’inoffensif, l’enfantin plaisir du grattage de la cavité nasale et cette finalité dernière qui nous le fait entreprendre ? C’est justement le constat éprouvé chaque jour de son absurdité qui fait que nos œuvres atteignent à la gravité tragique, à la farce macabre et scabreuse, mais qui est pourtant convoitée des écrivains et des intellectuels les plus célèbres. Concevez-vous alors quel orgueil grotesque nous ressentons, nous, individus chaque jour plus voués à la doctrine du professeur Hendrickson, et ce par le simple grattage de notre nez ? Ainsi, le balbutiement d’une idée nouvelle, l’Euréka d’Archimède serait à la portée du premier morveux, proche du simple automobiliste attendant aux feux, de toutes ces postures expectatives que nous dédaignions autrefois et qui étaient pourtant le tonnerre, l’annonce de l’éclair fulgurant l’intelligence ! Il reste pour nous que ce tic est l’élément essentiel, l’Aleph, l’enjeu de nos continuelles macérations, la pénitence offerte telle une main votive à l’autel du génie !

Les arts et les sciences s’en ressentent déjà. Le nombre des idées pillées chez nos membres par des individus sans principe est désormais le lot quotidien des maisons de droit d’auteur. Vous ne pouvez encore imaginer, Madame, Monsieur, l’argent que gagnera vos enfants grâce à vous après votre mort, vous ne pouvez imaginer ce que la renommée vous réserve.


Postérité ! Ce cri, vous le comprenez, comme nous. Ne gâchez pas vos chances de devenir quelqu’un, un esprit, une intelligence de ce monde. Pour que la paix réside, il nous faut chaque jour davantage de talent et de matière grise. Or, qu’y a-t-il de plus affligeant qu’un artiste ou un scientifique raté ? Qu’y a-t-il de plus injuste qu’un artiste ou un scientifique que le public n’a pas pu ou pas voulu entendre ? Notre mouvement ne fait certes pas le bonheur, mais il participe à la grande construction menaçant toujours l’homme de son écroulement, celle de la paix, celle de la civilisation.

C’est pourquoi nous vous engageons, Madame, Monsieur, à nous rejoindre en suivant la méthode Hendrickson. Venez, Madame, Monsieur, avec votre édifice, votre pierre ou votre mortier, participer à la construction glorieuse, ce palais où le peuple vivra, dans des jardins suspendus, l’âge d’or enfin reconquis. 

Offrez, Madame, Monsieur, offrez, comme nous, votre esprit, nous l’accueillerons comme il le mérite.



Rejoignez Roy Hendrickson Cie.