lundi 13 août 2007



Vous avez décidé, pour une raison ou pour une autre, de passer à la postérité. Rien de plus aisé à comprendre, à une époque aussi individualiste que la nôtre, que ces aspirations à une vie plus authentique. Le besoin de s’inventer un monde harmonieux et nouveau, et de parvenir à ce qu’il soit reconnu, est un phénomène social courant en Occident. Les limbes, dans lesquelles végètent nos vies, ont besoin de personnalités tranchées, d’hommes et de femmes tels que vous, assumant la charge de leurs différences. Peut-être serez-vous demain, grâce à nous, par l’application consciencieuse et fidèle aux règles de la méthode Hendrickson, ce créateur de mythes et de connaissances nouvelles, palliant ainsi les angoisses sourdes qui paralysent l’existence du plus grand nombre d’entre nous.


La méthode Hendrickson n’est pas une technique nouvelle pour atteindre au génie dans quelque domaine que ce soit, pas plus qu’un enseignement ou une thérapie. Le professeur Roy Hendrickson, qui était docteur en philosophie et en théosophie à l’Université d’Acapulco, n’a jamais eu, de son vivant, la prétention de guider un écrivain, un musicien, un scientifique ou un artiste dans la production d’une œuvre. Il admettait le premier les difficultés inhérentes à chaque art comme à chaque science d’obtenir cette vision nouvelle des choses que tout homme a en germe, mais que peu d’entre nous, malheureusement, est capable de rendre. Il a ainsi été, à son époque, un des rares hommes à exprimer sa tolérance en matière d’art, en se faisant un devoir de ne pas juger. Il préférait admirer, quand son goût le portait à ce sentiment, ou à se taire et à affirmer son incompétence. Et pourtant nous ne comptons plus aujourd’hui le nombre des détracteurs de notre mouvement, qui,  sous couvert d’une moralité chaque jour plus difficile à percevoir sous les couches successives des vernis – Ne sommes-nous pas les premiers, dans nos vies quotidiennes, à vouloir jouer ce jeu de l’éthique pour ou contre ? –, prétendent que nous sommes des sectateurs.       


La discipline de feu le professeur Hendrickson, si draconienne qu'elle soit, est d'esprit laïc avant tout ; elle admet, sans l'entraver, la liberté de culte religieux de chacun de ses adhérents. En outre, notre chiffre d'affaire de 16 500 000 euros n'a pas marqué d'évolution majeure depuis bientôt dix ans ; il est  de notoriété publique que nous ne faisons pas de prosélytisme, ce que nos clients n'ignorent pas, puisque, comme vous, tous ont dû faire par eux-mêmes les démarches jusqu'à nous.


Roy Hendrickson Cie vend une discipline de vie, qui, comme vous vous en doutez pour nous avoir écrit, ne mène pas au bonheur, et un outil. Vous pourrez arrêter ce programme quand vous le voudrez ; nous sommes, quant à nous, pour l’avoir entrepris, les premiers à reconnaître ce qu'il a de redoutable, et nous doutons chaque jour, comme vous peut-être en ce moment, de sa réelle efficacité. Nous pourrons, si vous le souhaitez, vous envoyer quelques-uns de nos travaux ou de nos œuvres, ce qui vous permettra de juger par vous-même, comme Hendrickson l'a fait pour ses proches, en poésie et en philosophie, avant de se donner la mort. Cette façon de correspondre entre nous est fréquente et permet de nous soutenir, les uns les autres, jusqu'au jour où nous déciderons de mourir. Nos oeuvres et nos travaux, ceux des vivants comme de ceux qui se sont suicidés à la façon d'Hendrickson, font partie d'un tronc commun que les initiés au mouvement et quelques universités de par le monde ont pu obtenir[1]. Rares sont ceux qui ont déçu, tous témoignent que la mort seule, si paradoxale que cela puisse paraître, est capable de payer de signification le monde.






[1] Le professeur Peter Roberto de l’Université de Toronto et le professeur Friedrich Feirabend de l’Université de Cologne ont fait de notre mouvement l’objet de plusieurs articles et de nombreux cours.

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